Une éducation pour l’avenir

Revendications du collectif « Enseignant-es pour le climat et la biodiversité »

Pour faire face aux changements climatiques, il apparaît plus que jamais que nous avons grand besoin de l’éducation, mais le monde de l’éducation (en particulier les enseignants et les enseignantes), pour y arriver, a besoin a son tour de liberté, de ressources et de reconnaissance (Morin, Thierriault & Bader, 2022)

Voici le compte-rendu des discussions de la 2e soirée « Repensons l’école », organisée par le collectif à Foound le mercredi 18 mai 2022. Ce document de travail vient compléter les revendications ci-dessous et va permettre, entre autres, de déterminer les prochaines actions du collectif.

Une EDUCATION POUR L’AVENIR: Version provisoire – modifiable en fonction de consultations diverses – basée sur un travail préalable mené avec les représentant-es de la SPG

  1. Considérant
    1. L’engagement pris par la Confédération à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et à viser la neutralité carbone à partir de 2050 ;
    2. La déclaration « d’urgence climatique » votée par le Conseil d’État genevois qui vise à réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre du Canton d’ici 2030, et la neutralité carbone en 2050 ;
    3. L’objectif d’intégrer « les principes du développement durable dans l’enseignement et la formation des enseignants » tel que stipulé dans le « Concept cantonal du développement durable 2030 » adopté par le Canton sans accorder du soutien, ou des moyens supplémentaires aux enseignant-es ni de les décharger d’autres tâches ou contraintes ;
    4. La grille horaire qui sépare les disciplines entre elles, ce qui rend souvent difficile la mise en œuvre concrète des « approches interdisciplinaires » qui devraient « contribuer à la formation de l’esprit critique en développant la compétence à penser et à comprendre la complexité du monde », selon les objectifs de l’éducation au développement durable (EDD) du PER (Plan d’Études Romand) ;
    5. La nécessité de prendre au sérieux les mobilisations de la jeunesse pour le climat et de répondre à la préoccupation grandissante des élèves de leurs futures conditions de vie en montrant non seulement le soutien du corps enseignant mais également la nécessité pour une grande partie de celui-ci d’intégrer l’urgence climatique dans son enseignement ;
    6. La multiplication des manifestations inquiétantes concrètes du changement climatique (événements météorologiques extrêmes, etc.) et des rapports alarmants qui confirment la nécessité d’agir urgem ment pour changer de trajectoire ;
    7. Le fait que, pour répondre à l’urgence climatique, l’école doit préparer les élèves, citoyen·nes de de- main, à relever les défis de notre société, et leur permettre de développer une pensée critique afin de les rendre acteurs·trices des changements nécessaires.
  2. Le collectif des enseignant-es pour le climat défend  les revendications suivantes 
    1. Développer des projets qui participent à la connexion avec la nature
      1. Simplifier les démarches administratives et logistiques pour organiser des camps et des sorties à l’extérieure ;
      2. Développer des sorties qui participent d’une reconnexion de l’école avec le territoire de proximité où elle est implantée (quartier, village, activités locales : agriculture, artisanat lo- cal, etc.) ;
      3. Ne pas limiter le nombre de sorties et de camps ;
      4. Engager des accompagnant·es (étudiant·es, stagiaires, civilistes, etc.) dans chaque école pour faciliter l’organisation et la gestion des sorties et/ou camps, celles·ceux-ci doivent pou- voir être rémunéré·es ;
      5. Développer des jardins potagers autour des établissements scolaires ;
      6. Développer les activités d’enseignement hors-mur ;
      7. Encourager la mobilité écologique : gratuité des transports publics et mise en place de garages à vélo couverts afin de faciliter et promouvoir la mobilité des élèves.
    2. Former à l’éco-citoyenneté
      1. Rendre les élèves co-acteurs et co-décideurs de leur formation ;
      2. Former à l’autodétermination à travers les cours, les modalités d’enseignements, les sujets abordés ;
      3. Mettre l’accent sur l’évaluation formative, l’autoévaluation, renoncer à la focalisation sur le quantifiable en supprimant les notes et en encourageant la coopération plutôt que la compétition ;
      4. Prendre au sérieux les sentiments engendrés par l’urgence climatique chez les élèves tels que l’éco-anxiété, et offrir des espaces de discussion pour développer les capacités d’agir des élèves.
    3. Réduire l’empreinte écologique des bâtiments et activités scolaires
      1. Agir sur l’empreinte écologique des activités scolaires ;
      2. Réduire l’empreinte écologique des bâtiments scolaires (construction, entretien, isolation) ;
      3. Viser la sobriété numérique, à savoir faire un usage réfléchi en considérant les nuisances environnementales causées par les technologies digitales.
    4. Prévoir des constructions et structures à une échelle humaine
      1. Créer davantage d’espaces polyvalents et modulables dans la construction de nouveaux bâtiments ;
      2. Restreindre la taille des établissements pour gagner en souplesse et favoriser le développe- ment de projets ;
      3. Réduire des effectifs de classe pour rendre possible l’expression et le débat citoyen.
    5. Instituer l’interdisciplinarité pour favoriser la pensée complexe
      1. Pour enseigner la complexité et l’urgence des thématiques environnementales, donner les moyens pour une approche interdisciplinaire ;
      2. Encourager une approche thématique et une organisation du travail par cycles pour favori- ser la création de liens entre les branches et en finir avec le découpage strict des activités en périodes d’enseignement qui rend difficile la connexion des disciplines entre elles.
    6. Repenser l’orientation professionnelle en fonction des impératifs écologiques
      1. Accorder la priorité aux impératifs écologiques dans les activités d’orientation professionnelle.
    7. Adapter la formation initiale et continue des enseignant·es
      1. Doter les enseignant·es d’outils conceptuels et pratiques pour faire dialoguer les disciplines et collaborer dans l’élaboration de séquences communes à travailler de manière interdisciplinaire ;
      2. Proposer des modules dédiés spécifiquement à l’éco-citoyenneté, conformément aux re- commandations formulées à l’échelle fédérale (Conférence suisse des rectrices et recteurs des hautes écoles pédagogiques (COHEP), 2012) 
      3. Prévoir une formation continue obligatoire et sur le temps de travail pour tou·tes les enseignant·es sur la question écologique – notamment climatique – et sa mise en œuvre en termes d’enseignement/apprentissage ;
      4. Offrir un accompagnement des équipes enseignantes, par établissement, autour d’un projets en lien avec les enjeux environnementaux.