Le manifeste

Collectif des enseignant.e.s pour le climat et la biodiversité, Genève 

Parce que nous sommes face à une crise majeure abondamment documentée par le monde scientifique.1

En effet, canicule, sécheresse, inondations, effondrement de la biodiversité, destruction du cadre de vie, guerres et migrations consécutives tissent désormais la trame de l’actualité dans le monde.

Travail d’élève

Parce qu’une société ne peut à la fois célébrer les connaissances scientifiques et s’en détourner lorsque les conclusions qui en résultent dérangent.

Parce que nous savons que nous avons à changer drastiquement et collectivement nos manières de produire, d’habiter, de nous déplacer, de voyager, de nous nourrir, de nous vêtir; que les désagréments liés à ces changements nécessaires pour passer de l’impuissance solitaire au bien vivre commun seront insignifiants au regard de ceux, incontrôlables et dévastateurs, auxquels les jeunes seraient confrontés en raison de notre inaction.

Parce que, en tant qu’enseignant.e.s, nous ne pouvons nous inscrire dans un cadre humaniste et universaliste et parallèlement en renier les valeurs et ne manifester qu’indifférence à l’égard des effets du changement climatique, déjà palpables sur les populations les plus vulnérables qui paieront le plus lourd tribut à cette crise.

Parce que, nous, enseignant.e.s, avons une responsabilité majeure, nous voulons nous mobiliser à notre tour. Refusons donc un système ayant permis le désastre environnemental, social et économique que la planète entière est en train de vivre. Refusons d’entretenir plus longtemps l’illusion que nos autorités parviendront seules à traiter le problème de manière satisfaisante.

Parce que, nous, enseignant.e.s, avons la confiance de nos élèves, nous devons leur faire prendre la mesure de ce qui est en train de se passer, leur dire que la situation est gravissime : le climat s’emballe, la biodiversité disparaît, la pollution pénètre jusque dans nos cellules. Aucun diplôme ni aucune formation ne les protégera contre cela.

Parce que nous sommes des pédagogues, nous saurons trouver les mots. Nul ne pense à faire sombrer les élèves dans la panique. Au contraire, nous devons plus que jamais leur montrer que les savoirs et les savoir-faire sont des ressources pour comprendre, penser et réagir face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.

Parce que nous avons également observé la détermination et l’implication de nos élèves. Parce qu’ils ont consacré et consacrent encore une partie de leur temps libre pour construire des projets en faveur d’un avenir commun, ils témoignent de leur sens des responsabilités. Parce que, par les belles énergies qu’ils dégagent, nous savons que ce n’est pas par opportunisme qu’ils descendent dans la rue mais par nécessité face à l’urgence climatique.

Parce que, nous, enseignant.e.s, soutenons formellement les revendications des jeunes, à savoir que le gouvernement déclare l’urgence climatique. Pour ce faire, il doit prendre les mesures adéquates pour atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre en Suisse d’ici 2030, sans le développement de technologies de compensation, tout en respectant le principe de justice climatique.

Parce que, nous, enseignant.e.s, souhaitons également accompagner nos élèves dans la mobilisation de tous qui s’impose maintenant en cette période cruciale. Si nous voulons limiter l’impact des catastrophes à venir, des changements d’ampleur sans précédent doivent intervenir dans le partage des richesses et du pouvoir, dans la production et la consommation des biens, dans le rapport au vivant. Rien n’adviendra sans pression citoyenne et sans une mobilisation historique.

Nous appelons tous nos collègues, enseignant.e.s et personnel administratif du primaire, du secondaire et du supérieur, à soutenir à l’avenir les mouvements de grève des jeunes en formation, visant à obtenir les changements profonds qui s’imposent.

Nous, enseignant.e.s, signons ce manifeste pour signifier que nous sommes déterminé.e.s à agir pour l’avenir de nos élèves.

Collectif d’enseignant·e·s soutenant le mouvement des jeunes

contact : collprofsclimat@gmail.com

pour nous suivre sur FB: https://www.facebook.com/collprofsclimat/

1. Le Temps, « Appel de chercheurs à la grève climatique mondiale du 15 mars »,

https://www.letemps.ch/opinions/appel-chercheurs-greve-climatique-mondiale-15-mars, publié le mercredi 20 février 2019.

Enseignant.e.s, professionel.le.s en milieu de formation de jeunes, signez avec nous le Manifeste !

http://bit.ly/climatprofs

Texte repris et adapté de :

-l’Appel des enseignants pour la planète, France, https://enseignantspourlaplanete.com/lappel/

-l’Appel pour une école démocratique, Belgique,

http://www.skolo.org/2019/03/15/greve-et-climat-de-la-dissonance-cognitive-non-durable-en-milieu-scolaire-et-ailleurs/

Les enseignants à l’initiative du manifeste:

Sébastien Bertrand, ECG Jean-Piaget; Gil Bonte, CECG Madame de Staël; Nathalie Farriol-Mathis, CECG Madame de Staël; Valentine Fueter Ohanessian, ECG Ella-Maillart; Valérie Langer, CEC André-Chavanne

Enseignants de référence qui soutiennent le manifeste – nos parrains:

Martin Beniston, professeur honoraire de l’Université de Genève et ancien vice-président du GIEC

Patrck Bonvin, docteur en psychologie, professeur de la HEP Vaud

Dominique Bourg, professeur ordinaire de l’Université de Lausanne, Faculté des géosciences et de l’environnement

Augustin Fragnière, docteur en Sciences de l’environnement et philosophe, Universités de Lausanne et de Neuchâtel

Cornelia Hummel, professeure associée de l’Université de Genève, Faculté des sciences de la société

Jean Ziegler, professeur honoraire de l’Université de Genève, de Liège, de Mons, de Paris VIII, de Savoie, ancien rapporteur du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies